À pied
d’œuvre. Les Sables-d’Olonne, nous voilà !
Au cœur de l’événement. Enfin presque, parce que les pontons du Vendée Globe,
ça se mérite.
Pour le visiteur
lambda – ils étaient trois
cent mille la première semaine, plus de trois cent quatre-vingt mille la
deuxième, le village de Port-Olona ayant ouvert le samedi 15 octobre –, il n’y a pas beaucoup le choix :
le chemin est parfaitement balisé. Trop ? On peut parfois se le demander, car
Vigipirate est venu se greffer au gigantisme d’une manifestation qui, à chaque
nouvelle édition, prend de plus en plus d’ampleur.
Le public n'a pas toujours la chance de voir un skipper sur son bateau. Jean-Pierre Dick, très sollicité hier, n'en a pas perdu le sourire pour autant. (Photo CTG)
Malheur à qui se présente à l’entrée d’un village aujourd’hui encadré, « palissadé », gardienné, quasi isolé du reste du monde, avec dans son sac à dos – entre l’appareil photo et le supplément du journal local affichant les photos des skippers et un cadre vierge « spécial dédicace » – le moindre canif ! Refoulé comme un pékin au portique de sécurité d’un aéroport. Et dire qu’il y a huit ans, ce même village avait ouvert ses portes aux marchands du temple, l’un d’eux – on se demande encore ce qu’il faisait là – proposant au chaland des sabres japonais made in China ! Mauvais goût garanti.
Patte
blanche, donc. La « jungle » de Calais était autrement poreuse…
Vagues serrées
Pour autant, une fois avoir pénétré dans le saint des saints, rien n’est encore
acquis. Car, passage obligé, le ponton course auquel sont amarrés les
vingt-neuf monocoques, à quelques encablures, va encore se faire désirer
longtemps. Un soleil printanier, les vacances scolaires, pas loin de quatre
cent mille personnes en une semaine, un village ouvert dix heures par jour…
Vite, ma calculette ! Ah oui, quand même, on n’est pas loin des cent personnes
à la minute. Ceci explique cela.Le selfie est à la mode. Le Dunkerquois Thomas Ruyant s'y prête toujours de bonne grâce. (Ph. CTG)
Bref, ça
déferle en vagues serrées, avec l’impression prégnante qu’il y a toujours plus
de flux que de reflux. La mamie claudiquant le dispute au bambin pleurnichant ;
le plaisancier en grande tenue distille ses avis éclairés à l’intention d’un
ami inculte ; le haut talon incongru voisine avec la Dockside éculée. Étonnant melting-pot, que seul ce rendez-vous
peut générer.
Néanmoins, la
bousculade est bon enfant, l’humeur décontractée, l’admiration permanente, la
curiosité inévitable. Et l’on se délecte de réflexions insolites, naïves, saugrenues,
qui alimenteraient à l’envi de réjouissantes brèves de comptoir du Café de la
Marine !
Toucher au Graal
Le Français
est râleur ? La preuve, moi. Mea culpa.
Car on a beau se plaindre, ici, au moins,
on est SUR les pontons. À Saint-Malo, autre bastion de la course au large en
solitaire, pas question d’aller voir de près les bateaux de la Route du Rhum.
Au Havre, où ils reviennent tous les deux ans seulement, pas question de
franchir les barrières qui ceignent le bassin Paul-Vatine. On regarde de loin,
mais pas touche. Enfin, quand on n’a pas la chance d’arborer autour du cou le
précieux sésame qui abolit tous les contrôles. LE « pass ». Graal
absolu.
Soudain, nanti de ce
rectangle de papier, fort d’un privilège interdit au vulgum pecus, voilà-t’y pas qu’on le prend de haut, en lévitation
au-dessus du commun, l’œil dédaigneux et la lippe suffisante ! Une vraie bimbo
décervelée invitée en backstage à faire
un selfie avec son idôôôôôleu… Et
encore, je vous dis pas, quand l’« accrédité » a décroché, après
moult négociations qu’un souk marocain ne renierait pas, un embarquement pour
le départ !
S’il y a une date de
l’histoire de France qui me fait doucement rigoler, c’est bien la nuit du 4
août 1789. Vous avez dit « abolition des privilèges » ? Que nenni,
vil manant, que nenni !
P.-S. Il me revient
soudain à l’esprit que le Privilège fut le navire amiral du chantier naval
Jeantot Marine de Philippe Jeantot, le fondateur du… Vendée Globe !
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