« J’ai
terminé ma boîte de pâté Hénaff. Qu’est-ce que j’en fais ? Je la jette dans la
poubelle correspondant au tri sélectif ou je la balance à… Non, je n’ose pas y
penser. Et au retour, quelqu’un vérifie ? Et si les poubelles sont étonnamment
vides, y a-t-il une sanction ? »
La question du « Croco écolo », dans les
commentaires, est excellente, et le débat ouvert de longue date pour ce qui
touche la course au large où, on le sait, le poids est l’ennemi de la vitesse.
La réponse, en théorie, est simple, et on la trouve à
l’article 20 des Instructions de course, sous le titre « Évacuation
des détritus » : « Le respect de
l’environnement est une valeur fondamentale pour le Vendée Globe. Les
concurrents ne devront pas jeter leurs détritus dans l’eau à l’exception des déchets
biodégradables. Conformément aux “réglementations spéciales offshore”, les détritus devront être gardés à bord jusqu’au débarquement des
concurrents. »
Titouan Lamazou, premier à inscrire son
nom au palmarès,
n’a pas toujours été exemplaire. (Photo Olivier Blanchet - DPPI - Vendée Globe) |
La mer est une poubelle
Il faut bien se rendre à
l’évidence, tout contrôle est impossible. Cela dit, les marins se plaignant
régulièrement que la mer est devenue une poubelle, on imagine mal les voir
balancer leurs ordures par-dessus bord, ni vu ni connu !
Certes, quand on est
absolument seul au beau milieu de l’océan, par 3 000 mètres de fond, on peut
impunément se débarrasser, même pas discrètement, de tout surplus. Les
plaisanciers qui mouillent quelques heures aux îles de Lérins en baie de
Cannes, entre Sainte-Marguerite et Saint-Honorat, eux, ne se gênent pas pour se
délester de leurs bouteilles de champagne... dont le fond marin, aujourd’hui
désertique, est tapissé !
Heureusement, les
professionnels de la mer sont souvent moins inconscients, même si la moindre
balade sur l’estran démontre à l’envi que les « incivilités » sont
légion, et les plages polluées : cordages et filets, bouteilles en plastique,
cannettes, ordures diverses...
À l’arrivée de son
premier Vendée Globe en 2001, une des premières tâches du Dunkerquois Joé
Seeten fut de débarquer ses poubelles. Elles avaient beau être « enfermées »
dans la soute avant, elles dégageaient quand même un « fumet » peu
ragoûtant, paraît-il ! À son image, très rares sont ceux qui ne laissent pas un
sillage impeccable en rentrant au port.
Déplorable...
On est loin de ce qui fit
– tardivement – scandale après la première édition de la course, quand on
découvrit que Titouan Lamazou avait fait un méchant ménage dans son bateau. Christophe
Agnus et Pierre-Yves Lautrou l’évoquent dans Le Roman du Vendée Globe.
En
février 1990, alors que Patrice Carpentier frôle la déprime, privé qu’il est de
pilote automatique depuis trois semaines, et se dirige vers les Malouines pour
une escale éliminatoire, le futur vainqueur, talonné par Loïck Peyron, « reçoit un télex de son préparateur qui
commence ainsi : “Devis de poids inutiles : éoliennes, 15 kg ;
hydrogénérateur, 15 kg ; pilote aérien, 20 kg ; panneaux solaires, 25 kg”. Dans sa remontée, le skipper d’Écureuil d’Aquitaine II
cherche à alléger son voilier. [...] Il va jeter ce qu’il peut. Des bouts en
surnombre, des voiles de rechange, des conserves, ses bouteilles de bordeaux,
et même... dix pilotes automatiques.
“Je
sais que ça a choqué le grand public que je balance autant de matériel à l’eau,
écrira plus tard Lamazou. [...] L’enjeu est énorme. Il est énorme pour moi, mon
équipe, pour mes sponsors, pour tous ceux qui ont cru en moi. Si je ne fais pas
tout, si je ne balance pas tout à l’eau, c’est tout bêtement que je ne mérite
pas de gagner cette course.” »
Sans
commentaire.
Merci, Captain !
RépondreSupprimerAvec vous, on ne tourne pas autour du pot (au noir) et on sait où finit le pot de chambre : on a du pot quand même.
Votre réponse est franche et complète. C’est une qualité, devenue rare, que j’apprécie à sa juste valeur.
Merci.
SupprimerPuisque vous vous intéressez à Jeff Pellet, qui s'est élancé dimanche en pirate, ce lien devrait vous intéresser (je l'ai ajouté dans la colonne de gauche) : www.comeinvendee.com.
Après avoir consulté différents sites, je me rends compte qu’il n’était pas possible pour Jeff Pellet de prendre le départ officiel. Je le suivrai malgré tout car il a été tenace et parce qu’il y a des partenaires qui l’ont soutenu. Merci, Captain, pour le lien.
SupprimerOui, Titouan Lamazou nous donne une explication de son comportement complétement inacceptable!
RépondreSupprimerCependant, il ne faut pas oublier qu'il est engagé, à travers ses ouvrages, dans un combat pour la défense des droits des femmes de tous peuples du monde.
Je vous recommande vivement ses carnets de voyage. C'est un artiste que j'aime beaucoup
Titouan est en effet un excellent navigateur, et un remarquable artiste. J’ai plusieurs de ses ouvrages, vu plusieurs de ses expositions... mais il ne contrôle pas toujours tous ses dérapages. Comme en 2000, quand la direction de course, en accord avec tous les marins (sauf Yves Parlier, si j’ai bonne mémoire), reporte le départ de quatre jours en raison d’un méchant coup de vent. « C’est devenu une course de gonzesses », avait-il alors déclaré, avant de se repentir et de faire amende honorable. Sympa pour Ellen MacArthur et Catherine Chabaud !
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