« Je ne te
fais pas la bise, je suis un peu enrhubé. » Ma voisine est payée d’un
petit sourire contrit, et il ne me serrera pas plus la main. C’est qu’il sait
de quoi il parle, le Doc ! Principe de précaution.
(Photo CTG)
Avec cinquante à soixante mille visiteurs par jour au
village du Vendée Globe, on n’imagine même pas le nombre de virus, microbes et
autres bactéries qui se baladent impunément en toute liberté. Tiens, là, juste
sous mes doigts, par exemple… Selon plusieurs études, au palmarès des nids à
microbes, le téléphone tiendrait la tête devant le bureau, le robinet d’eau
courante, la télécommande, la porte du four à micro-ondes et le clavier d’ordinateur
— liste non exhaustive, palmarès et classement évolutifs…. Surprise, la cuvette
des toilettes présentait même dans certains cas une moins importante
concentration bactérienne des surfaces étudiées !
Alors, la bise, le docteur Jean-Yves Chauve — entre
autres médecin du Vendée Globe depuis le début, en 1989 —, avec son nez enchifrené,
il évite. Et il n’est pas le seul. Nombre de skippers évitent les embrassades
et les serrages de paluches pour ne pas attraper de virus. Yann Eliès, par
exemple, se frictionne les mains plusieurs fois par jour avec une solution
hydroalcoolique. Prudence est mère de sûreté.
Nul n’a oublié les déboires de Bernard Stamm, terrassé
par une gastro-entérite en début de course il y a quatre ans. Pas franchement la
meilleure façon d’entrer dans le match, alors que les petits camarades — dont certains
sont sujets, par nature, à un mal de mer carabiné les premiers jours — en profitent
pour filer bon plein. En passagère clandestine, la « gastro » n’est pas
franchement bienvenue à bord…
Jean Le Cam, lui, est passé chez un dentiste de La
Chaume lundi pour se faire extraire une dent qui le turlupinait un peu. Même s’il
a (déjà) comme point commun avec lui d’avoir chaviré au cap Horn, pas question
d’imiter Guy Bernardin, contraint à l’abandon en 1989 en raison d’une rage de
dents à mi-parcours, au large de la Tasmanie.
Guy Bernardin (Photo CTG)
Roland Jourdain avait eu plus de « chance »,
lui : il a fait demi-tour la première nuit, réveillant un dentiste olonnais
pour soigner une ratiche abîmée dans une manœuvre, avant de repartir à 5 heures
du matin.
La mer est, comme le rappelle Jean-Yves Chauve, un milieu
relativement stérile, où les bactéries n’ont pas grand-chose à se mettre… sous
la dent. Et comme les solitaires ne côtoient personne pendant trois mois, ils
sont plutôt à l’abri de la contagion. C’est déjà ça, non ?
Y a pas, le dicton a du bon. Même dans d’autres
domaines que la navigation, « en
mer, le plus grand danger, c’est la terre ».
N'hésitez pas à laisser des commentaires !
RépondreSupprimerLe Captain