Vais-je, dois-je l’avouer ? Parfois, ce Vendée Globe m’ennuie.
Au point que, affreux Jojo, j’en viens à vibrer pour un communiqué m’annonçant
une voile déchirée, un début d’incendie à bord, un choc avec un OFNI, un
chariot de grand-voile capricieux, un hook récalcitrant, le demi-tour et l’abandon
du « pirate » Jeff Pellet, la mort de Gotlieb... Non, pardon, ça, c’est
un vrai drame.
Mais franchement, quand les premiers passent le cap
Leeuwin et s’apprêtent à entrer dans le Pacifique, les derniers ne sont pas
encore à la longitude de Bonne-Espérance, après à peine un mois de course !
Si l’on peut raisonnablement penser que Sébastien
Josse, actuellement troisième mais dernière victime d’une avarie, va plonger au
classement, on va se retrouver avec un podium (provisoire) où la troisième
marche est séparée de la première de... 1 200 milles ! 2 200 kilomètres ! Concarneau
- Horta (Açores) ! Il y a quinze ans, modeste équipier – euh, en fait, lest
mobile vivant – de l’excellent skipper calaisien Pierre-Yves Chatelin, j’avais
passé dix jours, inoubliables, en mer pour ce faire. Et autant au retour.
Alors, là, quand on me parle de régate planétaire, j’ai
du mal à adhérer. Le Dunkerquois Thomas Ruyant est neuvième à... 2 300 milles.
Kito de Pavant, dixième, est à 3 000 milles ! Nandor Fa, douzième, à 4 000 milles.
Et les deux derniers pointent à 5 500 milles. Le quart de la circonférence de
la Terre. Du jamais-vu.Jeudi soir au siège de la Région Hauts-de-France, Thomas Ruyant était en direct avec ses supporteurs. (Photo CTG) |
Hétéroclite
Pendant ce temps-là, je me passionne plutôt pour le
tour du monde de Thomas Coville, en passe de réaliser une exceptionnelle
performance, avec pour l’instant 1 522 milles d’avance sur le record solitaire de
Francis Joyon. Quelque trois jours, dans des conditions que l’on peine à
imaginer. Cela dit, Armel Le Cléac’h compte lui cinq jours d’avance à Leeuwin sur
le pourtant superbe chrono de François Gabart (34 jours et 10 heures) il y a quatre
ans. On pourrait trouver cela passionnant aussi... à ceci près qu’il n’y a plus
franchement de bagarre.
Thomas Coville est en train de réaliser une exceptionnelle performance sur son multicoque géant. (Photo CTG) |
Une consolation ? Il faut regarder la carte (en 3D) des
positions sur le site officiel du Vendée Globe pour réaliser que Thomas Ruyant,
soyons chauvins, est quasiment au même niveau que François Gabart à l’époque,
le vainqueur de la dernière édition. Certes, la météo a été exceptionnelle dans
la descente de l’Atlantique, mais ce simple comparatif permet bien de juger du niveau
de la course aujourd’hui. Et de constater que la flotte n’a peut-être jamais
été aussi hétéroclite.
Bon! un Captain lassé, un Croco aux abonnés absents... et pourtant depuis 48h les avaries et les abandons pleuvent!
RépondreSupprimerHeureusement Kito (c'était le nom de mon chien quand j'étais enfant... j'aimais bien mon chien) est au sec entre les mains de Madame le Docteur du Marion Dufresne, que je connais personnellement (eh oui !).
En revanche, je m'inquiète un peu pour Thomas Ruyant. Va-t-il réussir à colmater la voie d'eau et poursuivre la course ?
Au fait, Captain, comment bouche-t-on un trou dans une coque ?
Pour le cas de Thomas un petit croquis serait le bienvenu pour nous expliquer ce qui a été arraché et quelles sont les conséquences pour le reste de la course.
@ Sirène
SupprimerRassurez-vous, je ne suis pas aux abonnés absents, bien loin de là…
Disons que je suis actuellement dubitatif : un skipper va laisser un bateau dans l’océan donc c’est un OFNI en plus. Je me demande aussi si l’on ne devrait pas augmenter les mesures de sécurité (construction) pour que tout le monde ou presque puisse terminer cette course. Ce ne sont pas les hommes qui abandonnent : ce sont leurs esquifs qui ne sont pas à la hauteur et j’ai du mal à en démordre. Les risques me semblent trop importants. Je n’ai pas la réponse, je me pose simplement la question (parmi tant d’autres). Bien sûr cela peut sembler incohérent avec ce que j’ai écrit à propos de Jeff Pellet et pourtant…
En attendant, pour Sébastien Josse, c’est également fichu !
Non, Croco, le bateau de Kito de Pavant fera une épave, pas un OFNI. Il va couler au fond de l'océan indien. N'est ce pas, Captain ?
SupprimerVous avez sans doute raison, ce sont les esquifs qui flanchent... mais ce sont les hommes qui leur demandent le maximum. Alors que faire ? Je n'ai pas la réponse non plus!
@ Sirène
SupprimerTout ne coulera pas et même si ça coule, cela ne me plaît pas beaucoup. Je reste "Croco".
@ Sirène
SupprimerVoici une réponse partielle à votre question concernant la réparation.
http://france3-regions.francetvinfo.fr/nord-pas-de-calais/nord/dunkerque/vendee-globe-dunkerquois-thomas-ruyant-reussi-reparer-son-bateau-poursuit-course-1150287.html
Il y a un gros avantage dans la conquête spatiale : l’avancée technologique et donc les retombées dans des applications terrestres.
Il en est de même avec le Vendée Globe ; quand je vois la scie à métaux utilisée, j’ai bien envie de m’offrir la même. Idem pour les produits employés : mousse expansive, colle qui tient le coup dans des conditions extrêmes…
C’est le top du top avec une expérimentation grandeur nature. Reste à connaître les marques de ces produits car moi, quand je colle quelque chose, je ne réussis pas toujours même quand je m’applique…
Rassurez vous, Croco, ça ne me plait pas plus qu'à vous... et ça ne doit pas plaire non plus à Kito de Pavant !
RépondreSupprimerCe doit être très difficile moralement de laisser derrière soi son compagnon d'infortune. Pour les investisseurs également, c'est évidemment une grosse perte. Combien coûte un tel voilier avec tout son équipement ? Je n'en ai aucune idée. Comment sont assurés ces bateaux ?
SupprimerBon, il ne doit pas y avoir grand-chose à bord qui soit biodégradable. Je persiste à penser que l'on devrait développer la recherche afin d'inventer un système qui permette de récupérer ce qui est devenu un déchet mais je suis en plein rêve...
J'ai trouvé une réponse ici (article intéressant):
RépondreSupprimerhttp://www.francetvinfo.fr/sports/voile/vendee-globe/que-deviennent-les-bateaux-fantomes-du-vendee-globe_1957645.html
Merci, Croco, pour ces explications tant pour la réparation de la coque de Thomas que pour le devenir de ce que croyais les épaves des bateaux de course.
RépondreSupprimerLa conscience écologique voudrait qu'on arrête ce genre de défi. En fin de compte qu'est ce que cette course apporte à l'humanité ? Des progrès dans la résistance des matériaux, des innovations qui permettent d'aller plus vite, des études sur la résistance de l'être humain en conditions hostiles...? Toujours plus haut, plus vite, plus loin, à quoi bon ?
Attention, souvenez-vous, de ne pas se brûler les ailes !
Merci, Sirène. J'apprécie votre commentaire à sa juste valeur.
SupprimerNous vivons mieux (?) grâce aux découvertes liées à la conquête spatiale, principalement, il est vrai, en ce qui concerne les matériaux, les moyens de communication. J’imagine qu’il en est de même avec le Vendée Globe. C’est un plus.
Les skippers s’éclatent, se prouvent ce qu’ils ont à prouver ou veulent se prouver. On ne peut qu’admirer leur manière de vivre à fond leur passion…
La semaine de pollution que nous venons de vivre me laisse tout de même dubitatif quant aux limites des « progrès » technologiques.
Aller vite, pourquoi et pour aller où ?
Quand on a fait le tour de notre planète, on revient… au point de départ. Peut-on alors dire que l’on a avancé ?
Je suis perplexe et je casse sans doute un peu l’ambiance. Pas tout à fait : ce qui me plaît, c’est la volonté de ces hommes d’arriver au bout de leurs rêves et jamais je ne pourrai le leur reprocher.
Il suffit de voir ce que gagnent les skippers pour se rendre compte que l’argent n’est pas leur seule motivation. Leur ambition est ailleurs. Tant mieux pour eux et pour nous qui continuons à suivre leurs exploits.
Vous non plus, Sirène, ne vous brûlez pas les nageoires ! Prenez soin de vous.
@ Sirène
RépondreSupprimerJe vais peut-être vous lâcher. Nous partons pour quinze jours dans un pays où plus personne ne semble vouloir encore se rendre. Moi, je suis très heureux d'y aller.
De là-bas, je ne suis pas certain de pouvoir accéder à ce blog ou simplement envoyer un commentaire.
Soyez en forme !
Visiblement c'est la lassitude qui l'a emporté !!!
RépondreSupprimerPas en ce qui me concerne. J'ai très souvent consulté ce blog, même en étant à l'étranger. J'ai espéré jour après jour que le Captain nous revienne.
SupprimerMerci, Sirène, pour les quelques échanges que nous avons pu avoir à travers les commentaires.
Captain, j'espère que, de votre côté, tout va bien.
Ce fut une belle course. Je l'ai finalement suivie grâce à ce blog.
Peut-être à bientôt, ici ou là, pour de nouvelles aventures.
Avec toute ma sympathie
Croco