27 novembre 2016

Tous masos !

Trois semaines... Un peu plus d’un quart de la course... Autant dire rien, même si ma hiérarchie s’est très nettement dessinée. Mais on sait depuis toujours qu’il suffit d’une « bricole » (enfin, si tant est qu’un OFNI soit une bricole !) pour bousculer un podium théoriquement bien établi. Ce qu’il n’est pas encore, d’ailleurs.
Se coucher tout habillé sur un pouf à billes, c'est le quotidien des skippers.
(Photo Vincent Curutchet - DPPI - Vendée Globe)
Trois semaines, et des questions qui reviennent, lancinantes. Comme celle que posait Martin Bazin, finaliste de Koh Lanta, à Jean Le Cam samedi midi lors du « Vendée Live » : « Qu’est-ce qui ne va pas bien dans ta tête pour faire un quatrième Vendée Globe ? » Comme si trois ne suffisaient pas...

20 novembre 2016

Les moustaches du diable

Les records tombent. Les écarts n’ont jamais été aussi gigantesques après deux semaines de course, les bateaux aussi rapides, la guerre technologique aussi intense. Et les sourires aussi crispés. La (fausse ?) jovialité des pontons est loin derrière.
On le savait, c’était écrit : les candidats à la victoire – une dizaine, de l’avis général – ne partaient pas pour une balade de santé. Pas même pour vivre une belle aventure. Ils partaient pour en baver. Le moins que l’on puisse dire, c’est que c’est réussi.
Dans le chenal olonnais, il y a quinze jours, « Hugo Boss » montrait déjà les crocs.
Depuis samedi, il est édenté à tribord. (Photo Olivier Blanchet - DPPI - Vendée Globe)

18 novembre 2016

Des écarts impressionnants

(Photo Jean-Marie Liot - DPPI - Vendée Globe)
Lille - Rome. C’est, à vol d’oiseau, la distance qui sépare Alex Thomson [ci-dessus], en tête après douze jours de course, du dixième, Jean-Pierre Dick ! Toujours au départ de la grand-place de Lille, Armel Le Cléac’h pointe sur le périphérique nord parisien, Sébastien Josse à Antony, Vincent Riou presque à Orléans, Morgan Lagravière à Bourges, Paul Meilhat à Châteauroux, Jérémie Beyou à Vienne dans la vallée du Rhône, Yann Elies à Bilbao, Jean Le Cam au nord de Rome, le Dunkerquois Thomas Ruyant (onzième) à Alicante, Kito de Pavant dans le golfe de Tunis... On est loin de la régate côtière du dimanche après-midi !

Un clin d’œil de la SNSM

La vidéo a été postée il y a quelques jours, et déjà très largement commentée. Et elle sera sans doute aussi appréciée ici, puisqu’elle met en scène une... sirène. Suivez mon regard...
Cette scène amusante d’un amour improbable cache un message puissant à faire passer : « Les sauveteurs veillent sur votre sécurité. »

16 novembre 2016

Tri sélectif

« J’ai terminé ma boîte de pâté Hénaff. Qu’est-ce que j’en fais ? Je la jette dans la poubelle correspondant au tri sélectif ou je la balance à… Non, je n’ose pas y penser. Et au retour, quelqu’un vérifie ? Et si les poubelles sont étonnamment vides, y a-t-il une sanction ? »
La question du « Croco écolo », dans les commentaires, est excellente, et le débat ouvert de longue date pour ce qui touche la course au large où, on le sait, le poids est l’ennemi de la vitesse.
La réponse, en théorie, est simple, et on la trouve à l’article 20 des Instructions de course, sous le titre « Évacuation des détritus » : « Le respect de l’environnement est une valeur fondamentale pour le Vendée Globe. Les concurrents ne devront pas jeter leurs détritus dans l’eau à l’exception des déchets biodégradables. Conformément aux “réglementations spéciales offshore”, les détritus devront être gardés à bord jusqu’au débarquement des concurrents. »
Titouan Lamazou, premier à inscrire son nom au palmarès,
n’a pas toujours été exemplaire.
(Photo Olivier Blanchet - DPPI - Vendée Globe
)


13 novembre 2016

Une semaine à bord

L’image
Il se serait baladé anonymement sur le ponton ou les quais de Port-Olona – où pourtant on guette les têtes connues –, franchement, je ne l’aurais pas identifié. Même sa casquette et son blouson, apparemment banals bien que siglés « Yacht-club de Monaco », n’auraient rien éveillé en moi. Mais le président du conseil départemental de Vendée ; l’actuel et l’ancien maire des Sables-d’Olonne ; la coprésidente de Sodebo ; le directeur de course ; et quelques autres « personnalités » non identifiées gravitaient autour de lui, gardes du corps à l’unisson. Je me suis alors souvenu que Son Altesse Sérénissime le prince Albert II de Monaco devait donner le départ de la course. Il s’est arrêté devant le micro de Jimmy Pahun, à moins d’un mètre de mon objectif, en chair (surtout, disent les mauvaises langues) et en os... et c’est bien parce que l’ancien skipper de Sodifac-Roubaix, vainqueur du Tour de France en 1992, l’a cérémonieusement appelé « Monseigneur » que j’ai percuté. Même pas honte... 
(Photos CTG)

Réponse groupée

Deux des principaux animateurs du défunt Vendée blog de 2008 sont remontés à bord cette année. Avec dans le sac marin leur avitaillement de questions.

11 novembre 2016

Et si on pouvait tricher ?

Nous disions donc, dans une précédente chronique (un post, pour les djeun’s), que le Vendée Globe revendique être une course « sans assistance ». En solitaire, ça ne se discute pas, même Bubulle, Titi ou Grominet sont bannis à bord. Sans escale, on l’a dit, c’est facile à vérifier. Mais sans assistance... ?
En 1989, quand les treize premiers défricheurs d’océans se sont élancés pour la première fois des Sables-d’Olonne, ils n’avaient ni ordinateur, ni téléphone satellitaire dernier cri, ni routage météo à bord.
Aujourd’hui, nul n’imaginerait prendre le départ d’un Vendée Globe sans de tels outils. Ils sont même imposés par la direction de course. Mais cela ouvre aussi la porte à de nombreuses dérives potentielles.
Ce passager clandestin-là est autorisé. (Photo Tanguy de Lamotte)

10 novembre 2016

Ils auraient pu être trente

Bonne question, M. Croco [voir les commentaires sur « Les Pontons flingueurs »] ! Pourquoi Jeff Pellet a-t-il été mis sur la touche ?
En effet, il y aurait pu y avoir trente bateaux au départ, dimanche midi, le règlement initial ayant été amendé pour autoriser un tel nombre. Et la place était prévue sur le ponton.
Mais il se trouve que Jean-François Pellet n’avait pas satisfait aux critères de qualification imposés par les Instructions – et la direction – de course.
On peut débattre à l’envi de cette décision, opposer les arguments de l’un aux raisons des autres... Parcours de qualification, test de jauge, délais à respecter... Bref, la sanction est tombée, et Jeff est resté à quai.

9 novembre 2016

Les Pontons flingueurs

Impossible de ne pas y penser.
Jacques Caraes est le directeur de course.
Bertrand de Broc (Photo CTG), un des vingt-neuf skippers.
Jean-Luc Van den Heede, un des héros des deux premières éditions.
Et Jimmy Pahun arpentait les pontons et les plateaux de la télévision vendéenne ces dernières semaines pour présenter (fort intelligemment) la course.
Quatre figures, quatre « gueules » de la course au large, qui ont osé parodier Bernard Blier, Lino Ventura, Francis Blanche et Jean Lefebvre dans la célèbre scène de la cuisine du film de Georges Lautner. Il y a déjà quatre ans (la parodie, pas le film !).
Certes, les dialogues de Pouldreuzic n’ont pas le sel de ceux de Michel Audiard, mais franchement, fallait le faire. Et puis, au mouillage enfin atteint, au petit matin, de la pointe de l’Opinel, trancher dans la petite boîte bleu et jaune, 78 g de bonheur, de souvenirs, de rites... Vous avez mieux à proposer ?
« J’ai connu une Bigoudène qu’en prenait au petit déjeuner. » Le pain est rassis, ou « tout mou », il n’y a ni moutarde ni cornichons, le rouge qui tache a supporté le voyage, il est six heures du mat’, et au menu, c’est « pâté Hénaff, le pâté du mataf. »
Franchement, je vous jure, qui n’a jamais connu ça n’a jamais navigué.

www.youtube.com/watch?v=h-E_WXlb9J8

Courage et détermination

Je ne résiste pas au plaisir de (re)copier, même pas honteusement, la chronique de l'excellent Jean-Yves Chauve [ci-dessus, photo CTG], médecin de la course depuis la première édition, et sans aucun doute un des meilleurs spécialistes au monde de la médecine à distance dans la course au large. Pour l'anecdote, car ça parle à tout le monde, c'est lui qui... la langue de Bertrand de Broc, le coude de Pete Goss, l'accident de Yann Eliès... et tout ce qu'on ne sait pas... 

Avec ou sans commentaires

Je sais, ou plutôt je ne sais pas pourquoi. Bref, il y a un problème avec les commentaires sur ce blog, j’en ai fait l’expérience. Ne nous affolons donc pas.
La première question passée à travers les mailles du filet concerne les foils. « Les foils font quelle dimension ? Sont-ils démontables, rétractables ? Les bateaux avec foils sont-ils toujours pourvus de deux dérives ? »

6 novembre 2016

Arrêt sur images

Ayé ! Ils sont partis. Après trois longues semaines au ponton, cernés de toute part, les voilà enfin seuls. Après une remontée de chenal toujours aussi poignante, quelque trois cent cinquante mille personnes — selon les premières estimations — ayant applaudi
et encouragé les vingt-neuf skippers. Retour en images sur les pontons.

5 novembre 2016

La règle du jeu n’est pas si simple

« Un homme, un bateau, l’océan. » La devise originale de « Blondie » Hasler, fondateur de l’OSTAR, la première Transat anglaise, a été mise à toutes les sauces depuis 1960 et la victoire de Francis Chichester. Aujourd’hui, ce qui fait rêver, c’est « en solitaire, sans escale et sans assistance ». Or on a tout entendu à ce sujet ! Il est temps de se pencher sur le règlement.

4 novembre 2016

Les dents de la mer

« Je ne te fais pas la bise, je suis un peu enrhubé. » Ma voisine est payée d’un petit sourire contrit, et il ne me serrera pas plus la main. C’est qu’il sait de quoi il parle, le Doc ! Principe de précaution.
(Photo CTG)
Avec cinquante à soixante mille visiteurs par jour au village du Vendée Globe, on n’imagine même pas le nombre de virus, microbes et autres bactéries qui se baladent impunément en toute liberté. Tiens, là, juste sous mes doigts, par exemple… Selon plusieurs études, au palmarès des nids à microbes, le téléphone tiendrait la tête devant le bureau, le robinet d’eau courante, la télécommande, la porte du four à micro-ondes et le clavier d’ordinateur — liste non exhaustive, palmarès et classement évolutifs…. Surprise, la cuvette des toilettes présentait même dans certains cas une moins importante concentration bactérienne des surfaces étudiées !

3 novembre 2016

Au village, sans prétention…

À pied d’œuvre. Les Sables-d’Olonne, nous voilà ! Au cœur de l’événement. Enfin presque, parce que les pontons du Vendée Globe, ça se mérite.
Pour le visiteur lambda – ils étaient trois cent mille la première semaine, plus de trois cent quatre-vingt mille la deuxième, le village de Port-Olona ayant ouvert le samedi 15 octobre  –, il n’y a pas beaucoup le choix : le chemin est parfaitement balisé. Trop ? On peut parfois se le demander, car Vigipirate est venu se greffer au gigantisme d’une manifestation qui, à chaque nouvelle édition, prend de plus en plus d’ampleur.


Le public n'a pas toujours la chance de voir un skipper sur son bateau. Jean-Pierre Dick, très sollicité hier, n'en a pas perdu le sourire pour autant. (Photo CTG)


2 novembre 2016

Un tour de « foilie »

Le 12 mars 1993, Alain Gautier, sur Bagages Superior, boucle le deuxième Vendée Globe de l’histoire en revenant aux Sables-d’Olonne après 110 jours et 2 heures de mer, à la moyenne de 9,58 nœuds.
Moins de six semaines plus tard, le 20 avril, Bruno Peyron et ses quatre équipiers, sur le catamaran Commodore Explorer, s’offrent le premier tour du monde en moins de quatre-vingts jours (79 jours et 6 heures), et s’adjugent le premier trophée Jules-Verne, avec une moyenne de 14,39 nœuds.
Le 27 janvier 2013, François Gabart, sur Macif, remporte la septième édition du Vendée Globe et remonte le mythique chenal après 78 jours et 2 heures, affichant 15,30 nœuds de moyenne sur l’eau ; un peu plus de trois heures plus tard, Armel Le Cléac’h (Banque Populaire) le rejoindra au ponton. Ils sont les deux premiers solitaires au monde à boucler la circumnavigation en moins de quatre-vingts jours, Alex Thomson, troisième, ratant le coche pour moins de vingt heures.
Il n’aura donc pas fallu vingt ans pour qu’un monocoque mené en solitaire fasse bien mieux qu’un multicoque en équipage ! Quel sport mécanique peut se targuer d’une telle évolution en si peu de temps ?

1 novembre 2016

Des outsiders, des bizuths, des aventuriers

Quatorze bizuths, quasiment la moitié du plateau, ce n’est pas rien. Quatorze bizuths, dont un outsider avec un bateau neuf, Morgan Lagravière (Safran), avec lequel on n’a pas manqué de faire la comparaison avec le dernier vainqueur du Vendée Globe, François Gabart. Voile olympique, Figaro, IMOCA, les parcours sont similaires. Pour la suite, wait and « sea »...

Après Joé Seeten, Thomas Ruyant sera le second Dunkerquois au départ,
(Photo Jean-Marie Liot - DPPI - Vendée Globe)

Parmi les treize autres novices du tour du monde, nous aurons évidemment les yeux de Chimène pour notre ami dunkerquois Thomas Ruyant (Le Souffle du Nord), mais nous aurons l’occasion d’en reparler plus longuement.