18 novembre 2016

Des écarts impressionnants

(Photo Jean-Marie Liot - DPPI - Vendée Globe)
Lille - Rome. C’est, à vol d’oiseau, la distance qui sépare Alex Thomson [ci-dessus], en tête après douze jours de course, du dixième, Jean-Pierre Dick ! Toujours au départ de la grand-place de Lille, Armel Le Cléac’h pointe sur le périphérique nord parisien, Sébastien Josse à Antony, Vincent Riou presque à Orléans, Morgan Lagravière à Bourges, Paul Meilhat à Châteauroux, Jérémie Beyou à Vienne dans la vallée du Rhône, Yann Elies à Bilbao, Jean Le Cam au nord de Rome, le Dunkerquois Thomas Ruyant (onzième) à Alicante, Kito de Pavant dans le golfe de Tunis... On est loin de la régate côtière du dimanche après-midi !

Au classement de 15 heures, 739 milles séparaient le navigateur du Souffle du Nord du Gallois leader de la flotte, apparemment pas décidé à lever le pied. Soit un écart moyen de plus de 60 milles par jour. En clair, Hugo Boss avance plus de 2,5 nœuds plus vite. Toutes les heures, Thomas « lâche » donc près de 5 kilomètres à son adversaire ! Sans rien pouvoir y faire.
À ce jeu-là, et en considérant arbitrairement que de telles données se maintiendraient, le déficit pourrait atteindre quelque 5 000 milles à l’arrivée. Bref, Alex Thomson arriverait dans la baie des Sables-d’Olonne quand Thomas Ruyant serait encore dans celle de Rio de Janeiro ! Que dire alors des navigateurs en queue de peloton...
On se réjouit que les vingt-neuf bateaux au départ, après près de deux semaines de course, soient toujours sur l’eau, même si l’abandon de Tanguy de Lamotte peut déjà être acté. C’est la preuve du bien-fondé des dernières modifications de la jauge IMOCA, qui allaient dans le sens d’une plus grande sécurité (mâts et quilles notamment). C’est aussi la preuve que les monocoques vont de plus en plus vite, une dizaine d’entre eux ayant réalisé le même temps record que Jean Le Cam en 2004 entre le départ et l’équateur.
Maintenant, les choses vraiment très sérieuses vont commencer à Bonne-Espérance. Croisons les doigts.

8 commentaires:

  1. Certes,plus de sécurité au niveau des bateaux fait qu'il n'y a pas de grosses casses au niveau des bateaux, mais à ce rythme d'enfer est ce que les hommes tiendront le coup ? Des vitesses pareilles impliquent une vigilance et une fatigue accrues pour les skippers. N'y a-t-il pas de ce 8fait un risque ? Est ce que, au bout du compte, ceux du "deuxième groupe" ne gardent pas une chance parce qu'ils aborderont les mers australes un peu plus frais ?

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    1. @ Sirène
      Un début de réponse vous attend sous le titre « Les moustaches du diable ». Mais je reviendrai rapidement sur ce sujet capital qui me rappelle « Le Lièvre et la Tortue », de Jean de la Fontaine... Ou « Les Plaideurs », de Jean Racine : « Qui veut voyager loin ménage sa monture. »

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  2. Il semblerait que le plus gros risque sur ce Vendée Globe soit la collision avec un Objet Flottant Non Identifié... abandon de De Broc - MACSF et avarie sur Hugo Boss.
    La mer devient une gigantesque poubelle !
    C'est un stress supplémentaire pour les concurrents!
    Les prochaines recherches et améliorations sur les "petits bateaux" devront porter sur la résistance de leurs parties immergées...

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  3. L'OFNI n'est pas obligatoirement un objet, ce peut être également un animal. La probabilité est certes nettement plus faible mais pas nulle.
    Enfin je crois, je ne suis pas spécialiste alors je laisse libre cours à mon imagination...

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  4. Les OFNI sont depuis longtemps un risque majeur pour les bateaux — qu’ils soient de croisière ou de compétition, mais les seconds allant plus vite, les dégâts sont de ce fait plus importants —, mais il est regrettable de constater que ce risque augmente d’année en année.
    Quant à la résistance des parties immergées, c’est une des principales préoccupations des cabinets d’architecture navale, et de nombreux progrès ont déjà été faits — notamment avec l’obligation d’une « crash-box » à l’étrave. Mais il ne faut pas oublier qu’en modifiant la carène d’un voilier, ou en ajoutant une protection à un appendice (nombre d’essais ont été plus ou moins validés), on change aussi son hydrodynamisme. À l’image d’un coffre de toit qui « freine » une voiture en offrant une plus grande résistance à l’air. C’est donc, comme toujours, un compromis entre finesse et vitesse qui est défini par le skipper.
    Enfin, en ce qui concerne les rencontres fortuites avec les animaux marins (ce que n’est pas le crocodile, même si ses larmes sont salées !), elles sont relativement fréquentes. Et là, il n’y a rien à dire, et à faire profil bas. Ils sont « chez eux », eux.
    Je viens à ce propos de découvrir dans le passionnant dossier (remarquablement écrit et très documenté) réalisé sur le Net par L’Équipe (lien dans la colonne de gauche), que lors de la dernière transat entre New York et la Vendée, « la flotte s’est fait étriller par un banc de môles, poissons-lunes d’une tonne qui remontent à la surface la nuit venue ». Les foils ont morflé, les Mola mola aussi.
    N’oublions pas que les dérives d’un IMOCA se situent sous la coque, comme la quille et les safrans ; les foils, eux, émergent de chaque côté de la coque, jusqu’à quelque deux mètres quand ils sont entièrement sortis. Conséquence, le voilier « ratisse » beaucoup plus large, et les risques s’en trouvent augmentés d’autant.

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  5. Dans la vidéo du billet précédent « Un clin d’œil à la SNSM », que voit-on ?
    Un joli et gentil poisson-lune.
    Dans les commentaires de notre Captain, le poisson-lune peut peser une tonne et c’est vrai.
    On trouvera l’explication dans ce lien.
    https://lebulletinbleu.wordpress.com/2016/04/11/les-poissons-lunes-et-le-poisson-ballon/
    On peut admirer de superbes spécimens de môles par exemple à l’oceanarium (oceanário) de Lisbonne.

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  6. Oui, un OFNI peut être un animal, en l'occurrence un poisson. Malheureusement, je crois qu'il s'agit le plus souvent d'un objet.
    Si je me trompe c'est une bonne nouvelle, cela voudrait dire que nos océans se repeuplent.
    Hélas, il faut être réaliste !

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    1. Je suis plus pécheur que pêcheur... mais je pense néanmoins que les poissons sont assez rarement victimes des bateaux (à part les chalutiers !) : les rencontres brutales entre voiliers et animaux concernent le plus souvent les mammifères marins (à part les môles, je le concède). Et, hélas, si je ne m'abuse, les chiffres le démontrent : ils sont presque tous et presque partout menacés ou en voie de régression. Mangez du cheval !

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