10 novembre 2016

Ils auraient pu être trente

Bonne question, M. Croco [voir les commentaires sur « Les Pontons flingueurs »] ! Pourquoi Jeff Pellet a-t-il été mis sur la touche ?
En effet, il y aurait pu y avoir trente bateaux au départ, dimanche midi, le règlement initial ayant été amendé pour autoriser un tel nombre. Et la place était prévue sur le ponton.
Mais il se trouve que Jean-François Pellet n’avait pas satisfait aux critères de qualification imposés par les Instructions – et la direction – de course.
On peut débattre à l’envi de cette décision, opposer les arguments de l’un aux raisons des autres... Parcours de qualification, test de jauge, délais à respecter... Bref, la sanction est tombée, et Jeff est resté à quai.

Il n’est pas le premier, le plus célèbre étant sans conteste Raphaël Dinelli, autre Sablais, lors de l’édition 1996. Si je me souviens bien, il était arrivé « à l’arrache » la veille du départ, après avoir bouclé, dans une méchante tempête, un parcours aller-retour jusqu’au Fastnet. Pour se voir finalement opposer une fin de non-recevoir. Pas qualifié, lui non plus.
Jusqu’au-boutiste, Dinelli était parti autour du monde en « pirate » avec son Algimouss, coupant la ligne de départ dans l’après-midi du dimanche, comme (et après) les grands, avant de se rendre « célèbre » suite à son chavirage dans l’océan Indien, où il fut sauvé par Pete Goss. Le plus drôle, dans l’affaire, c’est qu’aujourd’hui il figure dans les statistiques officielles de la course, alors qu’il n’était à l’époque qu’un vilain petit canard.
Autre pirate du Vendée Globe, bien moins connu : Charles Heidrich. L’Aventurier avec un grand A. Qui rêvait, au début des années 2000, de trois défis planétaires. L’Everest, le Dakar, et le Vendée Globe.
En 2003, après une mise en jambes à l’Enduro du Touquet, quelques mois seulement après avoir décroché son permis moto (!), il s’attaque au Dakar, qu’il termine. Plutôt bien. Il abandonnera néanmoins, à l’automne, dans la Transat Jacques Vabre, avec l’Espagnol Javier Sanso, sur le bien nommé 60-pieds Objectif 3. Pourtant, lors de la Calais Round Britain Race, au printemps, il s’était offert le record en course de la traversée Douvres - Calais. Des références suffisantes pour prétendre au tour du monde en solitaire, sans escale ni assistance. Mais un différend avec le propriétaire de son bateau le fera, lui aussi, partir « hors cadre », s’élançant de Lorient près de trois semaines avant la flotte du Vendée Globe officiel. Cent vingt-deux jours plus tard, Charles Heidrich gagne son pari. En 2006, il vainc l’Everest ; en 2007, il traverse l’Atlantique à la rame... Etc., etc. Un autre Mike Horn.
Mais revenons à Jeff Pellet et à son monocoque Come in Vendée. Samedi, le marin sablais s’élancera pour sa grande boucle à bord de l’ancien Fila de Giovanni Soldini, mis à l’eau en 1997 et avec lequel l’Italien avait remporté Around Alone (course autour du monde en solitaire avec escales) en 1999, après avoir sauvé Isabelle Autissier. Un nouveau pirate décidé à aller au bout de son rêve. 

7 commentaires:

  1. @ Captain
    Votre réponse fut quasi instantanée. Je vous en remercie vivement.
    « On peut débattre à l’envi de cette décision, opposer les arguments de l’un aux raisons des autres ».
    Sage décision. Il n’empêche que moi, ça m’énerve (c’est du Croco pur jus). Du coup, Jean-François Pellet (que je ne connaissais pas) devient mon « favori ».
    J’avais cru aussi en la solidarité entre marins. Ce n’est vrai qu’en mer ? Pas une voix parmi les concurrents pour défendre Jeff ? Aucune mutinerie ? Aucune grève ?
    Mauvais départ en ce qui me concerne pour ce Vendée Globe ; je n’aime pas cette ambiance.
    Je me suis aussi demandé pourquoi un départ à 13 h 02. On devine facilement la réponse et une petite recherche sur la Toile confirme que le maître de la course, c’est la télé. L’arrivée se fera donc à 20 h 02 ? Sans doute, je pense avoir déjà vu ça dans des courses…
    Peut-être réussirai-je à m’accrocher dans quelques jours ; je l’espère. Pour l’instant, j’ai un mouvement de recul et votre billet suivant confirme mes craintes.

    Merci aussi d’avoir évoqué Dinelli, Heidrich et Horn.
    Vous m’aviez recommandé, il y a huit ans, la lecture de « Latitude zéro » de ce dernier… Je n’ai pas oublié.
    Allez Jeff ! Venge-toi ! Montre-leur ce dont tu es capable ! Moi, je compte sur toi.

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    1. @ Croco
      Jean-François Pellet devait larguer les amarres aujourd’hui. Faux départ. Son site internet l’annonce : « Changement de programme : départ repoussé à dimanche 13 à 15 h 2. Passage à 15 h 30 dans le chenal des Sables-d’Olonne. »
      Ça, c’est pour l’actualité.
      Pour ce qui concerne la solidarité entre marins, je pense qu’elle n’est pas à (re) mettre en cause. Les vingt-neuf concurrents se sont, eux, pliés de bonne grâce au règlement de la course, et il n’y avait aucune raison de faire grève, ou de manifester d’une quelconque manière (même d’un air mutin) contre une décision d’arbitrage, mais en aucun cas arbitraire. L’Avis de course est publié suffisamment tôt pour que nul n’en ignore.
      En mer, en revanche, la solidarité n’est jamais un vain mot, Raphaël Dinelli, Isabelle Autissier, Yann Eliès, Alain Gautier, pour ne citer qu’eux ces dernières années, peuvent en témoigner.
      Quant à l’heure du départ, elle permet en effet aux journaux télévisés qui viennent de s’ouvrir de proposer des images du coup de canon. Mais ce n’est nullement un diktat des chaînes, contrairement à ce que l’on peut voir régulièrement en football, en cyclisme ou en tennis (liste à compléter...) ; Philippe Jeantot, créateur de l’épreuve, a vite compris l’intérêt de la médiatisation de l’épreuve, et l’importance de la « vitrine » télévision. La Route du Rhum ou la Transat Jacques Vabre ne partent pas à une autre heure, d’ailleurs, quels que soient les horaires de marée.
      Cela dit, il serait dommage de déjà quitter le bord...

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  2. @ Captain
    Il fallait bien que je râle un peu pour honorer mon pseudo.
    Il n’empêche que je suis triste pour Jeff. D’après ce que j’ai pu en lire, cette course, il la voulait et j’ai toujours eu beaucoup d’admiration pour ceux qui ont de la volonté et de la ténacité… et parfois pour ceux qui bravent les interdits (dans certaines limites, faut pas charrier non plus).
    Je sais, dura lex sed lex…mais là je trouve que c’est vraiment dura. A contrario, si on n’applique pas un règlement, c’est vite la dérive. C’est un éternel dilemme.
    J’espère que les 29 skippers auront une petite pensée réconfortante pour leur compagnon : partir une semaine après les autres, il faut tout de même le vouloir…

    Bonne chance aux trente !

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  3. Ouh là là ... très rebelle Croco !
    En effet comme le dit Capitaine, les conditions pour obtenir son billet d'entrée sont connues bien à l'avance. Personne n'est pris en traite
    En revanche j'aurai trouvé ça un peu déloyal vis-à-vis des autres concurrents qu'il ait pu prendre le départ dimanche 6.
    Jean-François Pellet veut vivre ses rêves jusqu'au bout. Il a le courage et la ténacité pour le faire... chapeau ! mais pour moi il n'y a que 29 marins en course.

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  4. J’espère que l’on pardonnera mon ignorance crasse dans le domaine de la voile. Je sais, on est là pour apprendre !
    J’imaginais que l’on s’inscrivait tout bêtement pour participer au Vendée Globe et que l’on se présentait sur le ponton à la date fixée pour le départ avec un bateau respectant quelques bêtes critères. Enfin, bref, pour moi, tout ce qui était en mesure de flotter peu ou prou avait le droit de mettre les voiles.
    J’aurais, bien sûr, pu me renseigner mais quand j’additionne les heures passées devant l’écran de l’ordinateur, je me dis que je ne suis pas très raisonnable ce qui augmente encore mon mésaise.
    Vous voyez, Sirène, moi j’ai peur de participer à ce blog. En fait, je devrais tout bonnement ne pas prendre le départ dans les commentaires réservés normalement aux spécialistes ès voiles. Alors, je me sens un peu comme Jeff car je n’ai pas les bons bagages. Ouf, jusqu’à présent le Captain, ne m’a pas (encore) laissé seul sur le quai.
    Par exemple, ce n’est que très récemment que je me suis rendu compte qu’il n’y avait que des monocoques.
    On peut ajouter des foils à ces monocoques mais les multicoques sont écartés. Moi, ça me dépasse complètement. J’ai tout à découvrir mais il n’y a que ce blog qui m’attire quand il est question de cette compétition et je ne vous cache pas, Sirène, que c’est parce que le tôlier écrit parfaitement.
    Il aurait pu nous entretenir d’héliciculture ou de l’influence des marées sur la culture des champignons que je pense que je serais présent également. Mieux encore, je déteste l’eau !

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  5. Mon cher croco, je vous rassure, le blog n'est pas réservé aux spécialistes ès voiles... et puis, je n'en suis pas une, loin s'en faut !
    La mer, la voile... et les marins ça me fait rêver ! Que voulez-vous chacun ses petits travers...
    Je crois que vous vous faites plus ignorant que vous ne l'êtes vraiment ou alors vous avez oublié tout ce que Captain nous a appris il y a 8 ans !
    Là,il est trop tard pour rester à quai, vous êtes embarqué avec nous pour 3 mois... ça va bien se passer, vous verrez...

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  6. @ Sirène

    Je me souviens surtout, Sirène, de votre gentillesse et de votre enthousiasme communicatif.

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