Deux des principaux animateurs du défunt Vendée blog
de 2008 sont remontés à bord cette année. Avec dans le sac marin leur
avitaillement de questions.
- « J’imaginais que l’on s’inscrivait tout bêtement pour participer au Vendée Globe et que l’on se présentait sur le ponton à la date fixée pour le départ avec un bateau respectant quelques bêtes critères. Enfin, bref, pour moi, tout ce qui était en mesure de flotter peu ou prou avait le droit de mettre les voiles. Par exemple, ce n’est que très récemment que je me suis rendu compte qu’il n’y avait que des monocoques. » (Croco)
Imaginez plutôt qu’il s’agisse d’une compétition
automobile, comme la Formule 1, par exemple. Croyez-vous que le simple
permis de conduire suffise pour s’aligner au départ d’un Grand Prix ? Et pensez-vous
que sur la grille, on puisse mélanger des monoplaces, des voitures de rallye et
des véhicules de tourisme ?
La voile est un sport mécanique et, en tant que tel,
offre des dizaines, au moins, de supports. Un Laser olympique ne tire pas dans
la même catégorie qu’un Diam 24 du Tour de France ; le trimaran Ultim avec
lequel Thomas Coville tente depuis dimanche dernier de battre le record du tour
du monde en solo n’a rien de commun avec mon modeste Micro Challenger
(insubmersible !) de 17 pieds ; un confortable bateau de croisière familiale
est à l’opposé des multicoques sophistiqués de la Coupe de l’America... Tout
est affaire de catégories et/ou de compétitions.
Or donc, pour participer au Vendée Globe, il faut
avoir fait ses preuves, sur un bateau homologué, car c’est le binôme bonhomme -
voilier qui compte : la transat de Raymond Caramagnol sur un Class40 ne
qualifierait ni le marin, ni le voilier pour le Vendée Globe. En revanche, pour
la Route du Rhum...
À noter cependant que la voile est aussi le seul
sport, avec l’équitation, qui ne fasse pas de différence entre les hommes et
les femmes. Les deux peuvent concourir ensemble sans qu’il soit besoin de
recourir à des classements séparés.
- « Après une semaine de course, Vincent Riou tient tête aux foilers... Est-il un excellent skipper ? Un excellent tacticien ? A-t-il un excellent bateau ? Quelle est la part de chance et d’intuition dans une course à la voile comme le VG ? Quelle est la part du rationnel et de l’irrationnel ? » (Sirène)
Vincent le Terrible, comme l’avait baptisé Jean Le Cam
en 2005, impuissant qu’il fut à contrôler le Bigouden, est non seulement un
excellent skipper (seul vainqueur du Vendée Globe en course cette année) – donc
un excellent tacticien, navigateur, marin –, mais aussi un excellent metteur au
point, et son bateau est un des meilleurs de la flotte. Sans doute même le
meilleur des « non-foilers ». La preuve, il tient la dragée haute aux
voiliers de dernière génération depuis une semaine !
Quant à la part de l’intuition, de rationnel et de l’irrationnel
dans un marathon nautique de trois mois ou plus... Qui peut en juger ? Que je
sache, aucun algorithme n’est encore capable de les mesurer. Ce qui est
certain, c’est que la chance joue son rôle. Ne dit-on pas régulièrement qu’un
bon gardien de but est un gardien qui a de la chance ?
Prenons Riou, justement. Le 24 novembre 2012, alors qu’il
naviguait dans le peloton de tête du Vendée Globe, percute une tonne (bouée)
métallique d’amarrage à la dérive en plein Atlantique Sud. Il se déroutera vers
Salvador de Bahia (Brésil) et abandonnera. Pourtant, la mer est immense, comme
le chantait Graeme Allwright – inoubliable interprète, en français, de Leonard
Cohen. De la chance, il en faut, pour ne pas percuter un cétacé, un conteneur
entre deux eaux, une bille de bois... Ou être frappé par la foudre comme l’a
été Didac Costa fin septembre !
- « Sauf erreur de ma part, au moment du départ, à la télé, on a vu surtout (et presque exclusivement) Vincent Riou. Pour quelle(s) raison(s) ? Il est plus télégénique que les autres concurrents ? » (Croco)
(Photo Vincent Curutchet - DPPI - Vendée Globe) |
Puisque vous avez bien suivi le départ, cher Croco,
vous n’avez pas manqué de noter que Vincent Riou avait rapidement pris les
commandes de la flotte. Pour reprendre ma métaphore de la Formule 1, le réalisateur
à la télévision suit plutôt le premier que le dernier, non ? Là aussi. On
notera cependant aussi que quatre skippers – dont le Dunkerquois Thomas Ruyant
– disposaient d’une caméra à bord pendant le direct, et que de nombreux plans
leur ont été consacrés.
@ Captain
RépondreSupprimerQuelle rapidité dans vos réponses, cher Captain !
C'est clair, net, précis et ...honnête.
Grand merci. On a déblayé le terrain et j'y vois un peu plus clair.
Permettez-moi une page de publicité par souci d'amicale réciprocité. Je signale donc l'existence du blog de notre ami commun, Bruno Dewaele : http://alafortunedumot.blogs.lavoixdunord.fr/
et également la sortie, il y a trois jours, de son excellent dernier ouvrage "De l'Aborigène au Zizi" que les skippers, partis trop vite, n'ont pas pu emporter dans leurs impedimenta.
Et puisque j'en suis à parler de bouquins, j'ai aimé "Seul sur Mars", le livre pas le film. Si vous le lisez, vous y retrouverez peut-être chez le personnage le caractère des marins que nous suivons ainsi que l'esprit d'équipe.
Je suis content (ça m’arrive parfois) : le Captain a évoqué Graeme Allwright qui m’a fait découvrir Leonard Cohen.
RépondreSupprimerCe n’est certainement pas ma chanson préférée de Graeme Allwright mais si on commence à discuter de musique sur ce blog, on n’en finira jamais. Allez, un p’tit coup :
https://www.youtube.com/watch?v=MpfEcXlud_Y pour le Captain
et https://www.youtube.com/watch?v=mWP4rLMecxg&list=PLNNrNEw_ZhtIOOFq-TvyL96AMeuYFoHg_ pour Croco (pardon pour votre casquette, Captain !)
Le passage du pot au noir, j'ai impression que c'est un peu un coup de bol aussi et que les cartes peuvent redistribuée. Non ?
SupprimerManao ahaona avy madagasikara
Coup de bol, coup de dés, coup du sort, coup fourré, coup tordu, coup bas, coup de pied en vache, coup de poignard dans le dos, coup du père François, coup de fouet pour l’un, coup de frein pour l’autre, coup d’épée dans l’eau ou coup de grâce, coup d’essai ou coup de maître, coup dur, coup de chien, coup de barre, coup du ciel, coup de cœur, coup de main, coup de théâtre, coup de pompe, coup de Trafalgar, coup d’assommoir, coup de chaleur, coup de froid, coup de foudre, coup de sang, coup de vent, coup de bambou, coup de l’étrier...
SupprimerLe pot au noir, c’est ça, et pire encore.
Il faut tenir le coup, et un fameux coup de pot pour le traverser en deux coups de... cuiller à pot !
Coup de chapeau à Alex Thomson, néanmoins.
P. S. Qui a dit coup du lapin ? Sortez !