13 novembre 2016

Réponse groupée

Deux des principaux animateurs du défunt Vendée blog de 2008 sont remontés à bord cette année. Avec dans le sac marin leur avitaillement de questions.

  • « J’imaginais que l’on s’inscrivait tout bêtement pour participer au Vendée Globe et que l’on se présentait sur le ponton à la date fixée pour le départ avec un bateau respectant quelques bêtes critères. Enfin, bref, pour moi, tout ce qui était en mesure de flotter peu ou prou avait le droit de mettre les voiles. Par exemple, ce n’est que très récemment que je me suis rendu compte qu’il n’y avait que des monocoques. » (Croco)

Imaginez plutôt qu’il s’agisse d’une compétition automobile, comme la Formule 1, par exemple. Croyez-vous que le simple permis de conduire suffise pour s’aligner au départ d’un Grand Prix ? Et pensez-vous que sur la grille, on puisse mélanger des monoplaces, des voitures de rallye et des véhicules de tourisme ?
La voile est un sport mécanique et, en tant que tel, offre des dizaines, au moins, de supports. Un Laser olympique ne tire pas dans la même catégorie qu’un Diam 24 du Tour de France ; le trimaran Ultim avec lequel Thomas Coville tente depuis dimanche dernier de battre le record du tour du monde en solo n’a rien de commun avec mon modeste Micro Challenger (insubmersible !) de 17 pieds ; un confortable bateau de croisière familiale est à l’opposé des multicoques sophistiqués de la Coupe de l’America... Tout est affaire de catégories et/ou de compétitions.
Or donc, pour participer au Vendée Globe, il faut avoir fait ses preuves, sur un bateau homologué, car c’est le binôme bonhomme - voilier qui compte : la transat de Raymond Caramagnol sur un Class40 ne qualifierait ni le marin, ni le voilier pour le Vendée Globe. En revanche, pour la Route du Rhum...
À noter cependant que la voile est aussi le seul sport, avec l’équitation, qui ne fasse pas de différence entre les hommes et les femmes. Les deux peuvent concourir ensemble sans qu’il soit besoin de recourir à des classements séparés.
  • « Après une semaine de course, Vincent Riou tient tête aux foilers... Est-il un excellent skipper ? Un excellent tacticien ? A-t-il un excellent bateau ? Quelle est la part de chance et d’intuition dans une course à la voile comme le VG ? Quelle est la part du rationnel et de l’irrationnel ? » (Sirène)

Vincent le Terrible, comme l’avait baptisé Jean Le Cam en 2005, impuissant qu’il fut à contrôler le Bigouden, est non seulement un excellent skipper (seul vainqueur du Vendée Globe en course cette année) – donc un excellent tacticien, navigateur, marin –, mais aussi un excellent metteur au point, et son bateau est un des meilleurs de la flotte. Sans doute même le meilleur des « non-foilers ». La preuve, il tient la dragée haute aux voiliers de dernière génération depuis une semaine !
Quant à la part de l’intuition, de rationnel et de l’irrationnel dans un marathon nautique de trois mois ou plus... Qui peut en juger ? Que je sache, aucun algorithme n’est encore capable de les mesurer. Ce qui est certain, c’est que la chance joue son rôle. Ne dit-on pas régulièrement qu’un bon gardien de but est un gardien qui a de la chance ?
Prenons Riou, justement. Le 24 novembre 2012, alors qu’il naviguait dans le peloton de tête du Vendée Globe, percute une tonne (bouée) métallique d’amarrage à la dérive en plein Atlantique Sud. Il se déroutera vers Salvador de Bahia (Brésil) et abandonnera. Pourtant, la mer est immense, comme le chantait Graeme Allwright – inoubliable interprète, en français, de Leonard Cohen. De la chance, il en faut, pour ne pas percuter un cétacé, un conteneur entre deux eaux, une bille de bois... Ou être frappé par la foudre comme l’a été Didac Costa fin septembre !
  • « Sauf erreur de ma part, au moment du départ, à la télé, on a vu surtout (et presque exclusivement) Vincent Riou. Pour quelle(s) raison(s) ? Il est plus télégénique que les autres concurrents ? » (Croco)

(Photo Vincent Curutchet - DPPI - Vendée Globe)
Puisque vous avez bien suivi le départ, cher Croco, vous n’avez pas manqué de noter que Vincent Riou avait rapidement pris les commandes de la flotte. Pour reprendre ma métaphore de la Formule 1, le réalisateur à la télévision suit plutôt le premier que le dernier, non ? Là aussi. On notera cependant aussi que quatre skippers – dont le Dunkerquois Thomas Ruyant – disposaient d’une caméra à bord pendant le direct, et que de nombreux plans leur ont été consacrés.


4 commentaires:

  1. @ Captain

    Quelle rapidité dans vos réponses, cher Captain !
    C'est clair, net, précis et ...honnête.
    Grand merci. On a déblayé le terrain et j'y vois un peu plus clair.

    Permettez-moi une page de publicité par souci d'amicale réciprocité. Je signale donc l'existence du blog de notre ami commun, Bruno Dewaele : http://alafortunedumot.blogs.lavoixdunord.fr/
    et également la sortie, il y a trois jours, de son excellent dernier ouvrage "De l'Aborigène au Zizi" que les skippers, partis trop vite, n'ont pas pu emporter dans leurs impedimenta.

    Et puisque j'en suis à parler de bouquins, j'ai aimé "Seul sur Mars", le livre pas le film. Si vous le lisez, vous y retrouverez peut-être chez le personnage le caractère des marins que nous suivons ainsi que l'esprit d'équipe.

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  2. Je suis content (ça m’arrive parfois) : le Captain a évoqué Graeme Allwright qui m’a fait découvrir Leonard Cohen.
    Ce n’est certainement pas ma chanson préférée de Graeme Allwright mais si on commence à discuter de musique sur ce blog, on n’en finira jamais. Allez, un p’tit coup :
    https://www.youtube.com/watch?v=MpfEcXlud_Y pour le Captain
    et https://www.youtube.com/watch?v=mWP4rLMecxg&list=PLNNrNEw_ZhtIOOFq-TvyL96AMeuYFoHg_ pour Croco (pardon pour votre casquette, Captain !)

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    1. Le passage du pot au noir, j'ai impression que c'est un peu un coup de bol aussi et que les cartes peuvent redistribuée. Non ?
      Manao ahaona avy madagasikara

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    2. Coup de bol, coup de dés, coup du sort, coup fourré, coup tordu, coup bas, coup de pied en vache, coup de poignard dans le dos, coup du père François, coup de fouet pour l’un, coup de frein pour l’autre, coup d’épée dans l’eau ou coup de grâce, coup d’essai ou coup de maître, coup dur, coup de chien, coup de barre, coup du ciel, coup de cœur, coup de main, coup de théâtre, coup de pompe, coup de Trafalgar, coup d’assommoir, coup de chaleur, coup de froid, coup de foudre, coup de sang, coup de vent, coup de bambou, coup de l’étrier...
      Le pot au noir, c’est ça, et pire encore.
      Il faut tenir le coup, et un fameux coup de pot pour le traverser en deux coups de... cuiller à pot !
      Coup de chapeau à Alex Thomson, néanmoins.
      P. S. Qui a dit coup du lapin ? Sortez !

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