« Un homme,
un bateau, l’océan. » La devise originale de « Blondie »
Hasler, fondateur de l’OSTAR, la première Transat anglaise, a été mise à toutes
les sauces depuis 1960 et la victoire de Francis Chichester. Aujourd’hui, ce qui
fait rêver, c’est « en solitaire,
sans escale et sans assistance ». Or on a tout entendu à ce sujet ! Il
est temps de se pencher sur le règlement.
En solitaire
Oubliez tout de suite le film (En solitaire) de Christophe Offenstein, qui fête ce 6 novembre le
troisième anniversaire de sa sortie. Pour avoir joué au figurant très très très
anonyme au bout de la jetée des Sables-d’Olonne lors du tournage, j’aurai bien l’occasion
d’en reparler d’ici à l’arrivée.
François Cluzet en Yann Kermadec bouclant le grand
tour avec un passager clandestin à bord, c’était gentillet. Mais difficilement
crédible, non ? D’accord, entre Calais et Douvres, avec quelques Afghans, ça
passe… mais là…
Donc c’est en solitaire. Tout seul comme un grand,
puisqu’il n’y a hélas pas de grande cette année. Après avoir subi avec succès
les épreuves de qualification — bonhomme ET bateau. Ça, tout le monde comprend.
Sans escale
Sans escale, ça a l’air simple aussi. Qu’on ne s’y
trompe pas, cependant, il y a quelques finesses au regard du grand livre des
Instructions de course.
D’abord, sans escale, je rigole. Le solitaire peut
faire escale ! Et toc. Aux Sables-d’Olonne. Uniquement. Pendant dix jours après
que le départ a été donné, soit jusqu’au 16 novembre à 13 h 2. Après,
on « ferme la ligne ». Circulez, y a plus rien à voir.
L’histoire de la course regorge d’anecdotes sur ces
retours imprévus, le plus célèbre étant celui de Michel Desjoyeaux [photo ci-dessus] en 2008, qui reprend
la mer avec un handicap de quarante et une heures — près de deux jours, un
gouffre ! Il l’emportera avec cinq jours d’avance. Et la dernière fois, c’est
Bertrand de Broc [photo ci-dessous] qui
faisait demi-tour, frappé au flanc par un bateau accompagnateur, un quart
d’heure avant de prendre son envol. Un cataplasme de carbone plus tard, il
cinglait de nouveau vers la haute mer.
Sans assistance
Donc on peut faire escale. On peut aussi s’amarrer à
une bouée, mouiller l’ancre, et même s’échouer. Là, ça se complique, car il
faut le faire jusqu’à ce que l’on nomme « la limite supérieure de l’estran ».
Soit, pour les géographes, la portion de « terre » comprise entre les
plus hautes et les plus basses mers [en
vert sur les captures d’écran ci-dessous]. Le commun des mortels, l’été,
appelle ça une plage. Inutile de préciser que la topographie entre sérieusement
en ligne de compte ! Tout comme le coefficient de marée.
Personne n’a oublié le fabuleux exploit d’Yves Parlier
lors du Vendée Globe 2000-2001, mouillant à Pegasus Bay, sur l’île Stewart,
au sud de la Nouvelle-Zélande, pour manchonner son mât brisé. À deux pas de là,
pendant plusieurs jours, un reporter et un photographe ne perdent pas une
miette du spectacle, qu’ils immortalisent. Et laissent « l’Extraterrestre »
aquitain se démm… seul. En solitaire, on a dit. Sans assistance. Parlier se
classera treizième sur quinze.
L’affaire s’est moins bien terminée pour Bernard Stamm
il y a quatre ans. Sa halte (licite) dans l’archipel d’Auckland pour réparer
des hydrogénérateurs depuis longtemps capricieux sera fatale. Son Cheminées Poujoulat chasse avec la
marée, un bateau russe est à quelques encablures, un marin saute à bord donner
un coup de main non sollicité. Le Suisse sera déclassé.
Sans assistance, on a dit.
[À suivre :
« Et si on pouvait tricher ? »]
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